LA MALADIE D'OSGOOD-SCHLATTER-LANNELONGUE

La maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue est l'apophysose de croissance la plus fréquente.
Elle touche les enfants de 9 à 15 ans (9 à 13 ans pour les filles, 11 à 15 ans pour les garçons).
Il existe un sexe ratio net (3 garçons pour 1 fille).
La maladie est bilatérale dans 20 à 30% des cas.

Les sports les plus concernés sont : le football, le basket-ball.

Elle appartient au groupe des ostéochondrodystrophies extra-articulaires ou apophysoses, dans la classification de Siffert.

Elle fut décrite vers 1903, et doit être considérée non pas comme une maladie de la croissance mais comme une vraie maladie du sport de l'enfance !


Comment la maladie se développe-t-elle ? (physiopathologie)


Elle est due aux forces de traction exercées par l’insertion basse du tendon rotulien sur la tubérosité tibiale antérieure (TTA).

Schéma anatomique des attaches tendineuses sur la partie haute (proximale) du tibia.

Quels sont les signes d'appel de la maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue ?

La maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue se manifeste par des douleurs mécaniques du ou des genoux, survenant lors de l’activité sportive (course, saut, shoot au football).
Les douleurs rendent la position à genoux pénible, voire impossible.

La pression de la tubérosité tibiale et la contraction isométrique du quadriceps provoquent la douleur.


Douleur provoquée à la palpation directe de la tubérosité tibiale antérieure

 

La tubérosité tibiale augmente progressivement de volume avec ou sans signe inflammatoire (œdème, rougeur).


Augmentation de volume de la tubérosité ibiale antérieure (bosse devant la partie haute du tibia)

 

Comment faire le diagnostic de maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue ?

L’examen clinique permet d’apprécier :

L’intensité de la douleur :
marche normale, boiterie d’évitement plus ou moins importante, impotence fonctionnelle totale.

Le morphotype des membres inférieurs
genu valgum (jambes en X) ou genu varum (jambes arquées)

Le poids

Les angles poplités
qui reflètent la raideur des chaînes musculaires postérieures (muscles ischio-jambiers, système suro-achilléo-calcanéo-plantaire).


Mesure de l'angle poplité (méthode anglo-saxonne) : patient en position allongée, muscles totalement DECONTRACTES, l'examinateur lève doucement la jambe en direction du plafond au maximum des possibilités. L'angle entre cette position maximale d'élévation de la jambe et la verticale représente l'angle poplité. Plus il est grand, plus le patient est raide.

 

Quels examens complémentaires demander devant une maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue ?

Le seul examen utile est la radiographie.

Bilan radiologique

Les incidences radiologiques de base sont les suivantes :

Radiographie du genou douloureux de face et de profil

Ce bilan radiologique est le plus souvent normal.

La radiographie a donné lieu à une classification qui n’est pas utile pour la prise en charge thérapeutique, classification d'Ehrenborg (1962).

Les images radiographiques peuvent être normales, mais après 6 à 8 mois d’évolution, on peut retrouver un aspect ossiculaire (fragmenté) à la base du tendon rotulien dans 30% des cas.
Ces fragments fusionnent progressivement avec le noyau d’ossification pour provoquer un aspect d’hypertrophie de la TTA, très souvent seule séquelle esthétique de la maladie.


La radiographie s’impose au titre du diagnostic différentiel, même si la symptomatologie et l’examen clinique sont fortement évocateurs du diagnostic.

Les autres examens (scintigraphie osseuse, tomodensitométrie, remnographie) n’ont aucune utilité pour le diagnostic positif ni dans le bilan de la maladie.


Maladie d’Osgood-Schlatter-Lannelongue : classification d'Ehrenborg
Type 1 aspect radiographique osseux normal, simple oedème des parties molles.
Type 2
avec aspect irrégulier du noyau apophysaire et micro-fragments.
Type 3 avec une image d’ossification en avant du relief de la tubérosité tibiale antérieure.
Type 4 avec fragment ostéo-cartilagnieux intra-tendineux.

 

Quelles sont les complications de la maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue ?

Les principales complications possibles en cours d'évolution de la maladie sont :
La migration de calcifications intra-tendineuses.
Dans 5 % des cas, une ossification intra-tendineuse s’autonomise et persiste à maturation osseuse, responsable de gêne douloureuse.


Calcifications dans le tendon rotulien, complications de la maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue après la fin de la croissance

 

 

Pseudarthrose de la TTA (tubérosité tibiale antérieure)


Pseudarthrose de la TTA, complication de la maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue non soignée

 

 

L'hypertrophie de la tubérosité tibiale antérieure :


Hypertrophie de la TTA, complication de la maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue, sans calcification intra-tendineuse

 

 

L'atrophie de la tubérosité tibiale antérieure après infiltration de corticoïde (il s'agit d'une complication de traitement inadapté) :


Atrophie de la TTA, complication iatrogène (liée au traitement) de la maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue

 

 

Trouble de croisance du tibia par épiphysiodèse (soudure osseuse du cartilage de croissance) de la tubérosité tibiale antérieure. cette complication est exceptionnelle.


Recurvatum tibial proximal sur maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue. La partie de devant du tibia (TTA) a stoppé sa croissance alors que le reste du tibia a continué de grandir, provoquant une désaxation progressive.

 

L'arrachement apophysaire aigü :
Complication rare sur un effort violent : la force de traction du tendon rotulien (patellaire) arrache le massif osseux de la tubérosité tibiale antérieure.


Fracture arrachement de la tubérosité tibiale antérieure sur maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue : l'ensemble de la TTA est horizontalisé, tracté par le tendon rotulien (invisible en radiographie).


Fracture arrachement de la tubérosité tibiale antérieure sur maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue (vue opératoire de la radiographie précédente) : on voit le tendon rotulien qui soulève la TTA, détachée de sa zone osseuse.

Comment traiter une maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue ?

Avant la fermeture du cartilage de croissance

Le repos sportif

La maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue doit être considérée comme une maladie du sport, et non comme une maladie de la croissance.
Trop souvent, il est conseillé d'attendre en imposant le seul repos sportif, qui à lui seul ne règle pas le problème de fond de la raideur tendino-musculaire.
Le repos sportif scolaire et extra-scolaire est donc indispensable et non négociable.

Les antalgiques et anti-inflammatoires

Il faut diminuer cette douleur de façon médicamenteuse par traitement (oral) antalgique et anti-inflammatoire.

Les pommades en application locale n'ont aucune efficacité.

La kinésithérapie

Elle est fondamentale pour diminuer les forces de traction du tendon rotulien sur le cartilage de croissance de la tubérosité tibiale antérieure.

Elle doit associer différents aspects.

Les étirements myo-tendineux chez le kinésithérapeute

Ils représentent la part la plus importante du travail de kinésithérapie.

Il doivent être réalisés de façon régulière, au rythme de 2 séances par semaine, chez le kinésithérapeutre et par le kinésithérapeute (exercices passifs).

En effet, l'intérêt d'aller en cabinet de kinésithérapie est de pouvoir faire les exercices d'étirements à 2 personnes. Les étirements que l'on peut réaliser tout seul (individuels) peuvent être réalisés au domicile !

Ces étirements passifs nécessitent donc la présence et la participation du kinésithérapeute du début à la fin de chaque séance (qui doit durer au moins 30 minutes).

Les étirements myo-tendineux à domicile

Le travail d'étirement sera d'autant plus efficace qu'un complément d'étirement par exercices actifs sera réalisé TOUS les SOIRS à domicile, ce qui représente un investissement important, en temps et en motivation.
Réaliser 10 minutes d'exercices chaque soir est un minimum.
Ces exercices individuels doivent être faits de façon efficace, et le kinésithérapeute doit montrer comment les réaliser.

L'immobilisation

Dans certaines formes hyperalgiques, il est utile de réaliser une immobilisation plâtrée de 4 à 6 semaines.

La chirurgie

Certains types 4 très douloureux peuvent nécessiter une exérèse chirurgicale du fragment intra-tendineux avant la fusion de la TTA (15 ans chez la fille, 17 ans chez la garçon).

 

Après la fermeture du cartilage de croissance

La chirurgie

La chirurgie concerne les formes séquellaires avec fragment ostéo-cartilagineux intra-tendineux.
La chirurgie d’exérèse permet la guérison et la reprise du sport en 2 à 3 mois.

 

Comment éviter la récidive de la maladie de la maladie d'Osgood(Schlatter-Lannelongue ?

Après guérison, il est possible d'éviter la récidive de la maladie.

Par l'entretien de la souplesse des membres inférieurs

Pendant la phase de croissance, il est naturel de perdre de la souplesse, surtout par le facteur d'accroissement de longueur des os.

La réalisation régulière d'exercices d'étirement à domicile permet donc d'éviter de perdre le travail réalisé en kinésithérapie.
A condition de réaliser régulièrement 2 séances de stretching par semaine.

Par la modification des pratiques sportives

La réalisation d'exercices d'étirements doit encadrer TOUTE activité sportive.

Malheureusement, ceci est rarement enseigné dans le milieu sportif scolaire, et seuls quelques disciplines extra-scolaires appliquent cette procédure avec rigueur (gymnastique, sports de combat, danse classique, hip-hop).

Le sport se réalise idéalement de la façon suivante :

15 minutes d'échauffement SANS JAMAIS COURIR, axé sur le travail articulaire proprioceptif

30 minutes d'étirements activo-dynamiques

la phase sportive proprement dite

15 minutes d'étirements (stretching postural) à la fin de la phase sportive

 

Ceci est valable quel que soit l'âge et quel que soit le sport envisager, même pour la natation, le ski, l'équitation !

L’évolution de la maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue se fera dans tous les cas vers la guérison, soit de façon thérapeutique, soit de façon naturelle par fermeture du cartilage de croissance antérieur de la TTA.

Mais attention, sans prise en compte du facteur hypertonie tendino-musculaire, il est possible de voir disparaître la maladie d'Osgood-Schlatter-Lannelongue de l'enfance au profit d'une tendinite du tendon rotulien de l'adulte, véritable pathologie miroir après maturation osseuse.