Le traitement des scolioses : quels sont les moyens de traiter ?

De nombreuses idées préconçues sur le traitement des scolioses existent depuis plusieurs générations.

La première concerne la kinésithérapie.

Rééducation : faut-il faire de la kinésithérapie ?

En fait, la kinésithérapie réalisée ISOLEMENT n'a AUCUNE EFFICACITE SUR UNE SCOLIOSE EVOLUTIVE.

Il s'agit là d'une mauvaise habitude française colportée de génération en génération. Par contre, la kinésithérapie a un rôle à jouer comme traitement d'accompagnement du corset (voir plus loin).

En effet, lorsque la colonne vertébrale est contrainte par corset, il est utile de lutter contre la diminution de la mobilité et le repos musculaire (relatif) provoqués par le corset.

Plâtre de correction

Appelé encore plâtre E.D.F. (pour Extension Dérotation Flexion), il est indiqué pour des scolioses découvertes avec un angle de Cobb déjà important, ce qui rend difficile la mise en place du corset en &ère intention.

Il peut aussi être utilisé en cas de grosse rotation des vertèbres, provoquant une gibbosité (bosse) très disgracieuse.

Les plâtres se réalisent durant une hospitalisation, sur un appareillage orthopédique particulier qui porte le nom de cadre de Cotrel.
Cette correction plâtrée justifie une surveillance hospitalière, radiologique et un minimum d'apprentissage pour pouvoir gérer la vie quotidienne (toillette, scolarisation, alimentation,...).

Les plâtres permettent de diminuer l'angle de Cobb et donc de mieux préparer la colonne à la mise en place du corset.

Le plâtre est laissé en place 1 mois en général, parfois changé après ce délai pour un second plâtre.

Séance de correction de scoliose sur cadre de Cotrel : la colonne vertébrale est tractée par l'intermédiaire de sangles de chevilles et de mentonnière.

 
Corset plâtré avec ouverture antérieure (fenêtre) permettant la dilatation de l'estomac pour les repas et laissant de la place pour la poitrine.

Les corsets sur mesures

Ils représentent la référence en matière de traitement des scolioses.

De nombreuses variétés de corsets ont été mises au point en fonction des progrès technologiques et des habitudes (cultures médicales régionales).

Voici quelques exemples de corsets :

Le corset Lyonnais

Le corset 3 valves
Le corset 4 valves
Le corset de Milwaukee
Le corset de Boston
Le corset CTM (Chêneau Toulouse Münster)
Le corset toilé de Saint Etienne
Le corset GTB

La durée d'utilisation du corset, les horaires de liberté sont déterminés par rapport à la scoliose (localisation, sévérité), à l'âge de découverte de la scoliose, au potentiel d'aggravation pubertaire (déterminé par la courbe de Mme Duval Baupere), à la croissance résiduelle.

On ne peut donc établir de règle d'utilisation générale, chaque cas étant particulier.

Après la mise en place et l'adaptation d'un corset, la kinésithérapie au rythme de 1 séance de rééducation par semaine prend alors toute son utilité : elle associe : massages, renforcement musculaire, entretien de la souplesse articulaire, exercices d'auto-agrandissement avec et sans corset.

 

L'objectif du traitement par corset est d'arrêter l'aggravation d'une scoliose et d'éviter que l'évolution spontanée ne se fasse au-dessus du seuil de tolérance pour la vie adulte (voir le schéma) plus bas.

En aucun cas, les corsets ne peuvent REDRESSER la colonne vertébrale.

Même en cas de traitement bien conduit, l'angle de la scoliose à l'âge adulte est environ le même que celui du début de traitement !

Principe du traitement de la scoliose par corset

 

La chirurgie des scolioses

Le principe général de la chirurgie de la scoliose (idiopathique) est de redresser la ou les courbures frontales (visibles sur la radiographie de face), tout en respectant l'équilibre de profil, puis de faire fusionner les vertèbres entre elles (on appelle celà une arthrodèse).

Cette chirurgie passe donc par :

une destruction des zones articulaires (élimination des disques inter-vertébraux) de façon à "se donner du mou" pour corriger les courbures

une stabilisation de la correction obtenue par du matériel métallique (on appelle celà une instrumentation) qui se fixe sur les vertèbre, en opérant soit la partie arrière des vertèbres, soit la partie avant, soit les deux.

une greffe vertébrale qui permet de fusionner entre elles toutes les vertèbres instrumentées (opérées), ce qui aboutit à un enraidissement global de la colonne mais en "bonne" position.
Seules les zones non opérées gardent une mobilité permettant de compenser l'enraidissement de la colonne vertébrale.

Scoliose combinée thoraco-lombaire :

à gauche : planification pré-opératoire

au milieu : radiographie de face après l'intervention

à droite : radiographie de profil après l'intervention.

 

La chirurgie des scolioses s'accompagne de risques hémorragiques et neurologiques.

Le traitement des scolioses : quelle stratégie adopter devant une scoliose ?

Stratégie en fonction de l'âge

Les scolioses du nourrisson (3 à 6 mois)

L'abstention thérapeutique est de règle devant une scoliose du nourrisson. Il faut surveiller son évolution, prévoir un contrôle radiographique après acquisition de la marche.
L'évolution est souvent favorable sur une période de 12 mois.

 

Les scolioses infantiles (avant l'âge de 3 ans)

Certaines formes de scolioses infantiles ont une évolution spontanément favorable avec la croissance.

D'autres formes, à l'inverse, s'aggravent rapidement et nécessitent un traitement par corset (de Milwaukee), parfois précédé de plâtre correcteur (qui peut alors se faire sous anesthésie générale). La surveillance est alors intensive avec des bilans radiologiques réalisés tous les 3 mois.

Si l'évolution est favorable, le corset peut être enlevé tout en gardant une surveillance, encore plus intensive au moment de la puberté.

Si l'évolution n'est pas favorable sous corset, il est possible de mettre en place des tiges sous-cutanées (il s'agit d'une intervention chirurgicale) permettant d'attendre l'âge de la chirurgie (fin d'adolescence) en limitant l'aggravation.

 

Les scolioses juvéniles (de 3 ans à la puberté)

Les scolioses de moins de 20° d'angle (de Cobb) justifient une simple surveillance avec des radiographies tous les 4 mois environ.

Les scolioses de plus de 20 à 30° justifient un traitement par corset :

Avant la puberté, pour les scolioses thoraciques et thoraco-lombaires :

on peut proposer un corset de Milwaukee, ou un corset type CMCR

Avant la puberté, pour les scolioses lombaires :

on peut proposer un corset GTB.

 

Après la puberté, pour les scolioses thoraciques et thoraco-lombaires :

on peut proposer un corset monocoque type TLSO, ou un corset lyonnais.

Après la puberté, pour les scolioses lombaires :

on peut proposer un corset 3 valves, un corset GTB ou un corset de Boston.

 

Les scolioses de 30° à 40° justifient un traitement par plâtre correcteur (1 ou 2 temps de plâtre) puis un relai par corset.

Les scolioses de plus de 40° justifient un traitement chirurgical.

 

Stratégie en fonction de la localisation de la scoliose

Scolioses thoraciques hautes avec sommet au-dessus de T7 (7ème vertèbre thoracique)

Le traitement de référence est le corset de Milwaukee, en sachant qu'il est difficilement supporté après l’âge de 10 ans.

Scolioses thoraciques ou combinées avec sommet au-dessous de T7

Le traitement de référence est le corset lyonnais 4 valves, ou le corset TLSO version haute (Thoraco-Lumbo-Sacral-Orthosis), ou le corset CTM (Chêneau Toulouse Münster), ou le corset GTB II.

Scolioses thoraco-lombaires ou lombaires

Le traitement de référence est le corset lyonnais 3 valves, ou le corset TLSO (Thoraco-Lumbo-Sacral-Orthosis), inapparent sous les vêtements, ou le corset de Boston, ou le corset GTB.

 

Proposition de tableau résumant les indications en fonction du type de scoliose, de l'âge et de l'angulation :

 

Stratégie familiale

La découverte d'une scoliose impose la surveillance des frères et soeurs plus jeunes car la maladie scoliotique possède un facteur de risque familial. Cette surveillance est essentiellement clinique (examen au fil à plomb) et justifie au minimum un contrôle annuel jusqu'en fin de croissance, même chez des adolescents qui ne se plaignent de rien.

 

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