LE SYNDROME ROTULIEN ou SYNDROME FEMORO-PATELLAIRE

Le syndrome rotulien appelé également syndrome fémoro-patellaire, est un syndrome douloureux du ou des genoux qui se manifeste fréquemment à l'adolescence.

Il appartient à un grand groupe de pathologies : pathologies fémoro-patellaires et instabilités de rotules.


Classification des problèmes de rotule (patella).
Il faut différencier les syndromes rotulien et les vraies instabilités de rotules (rotules qui peuvent se luxer).

Il est important de différencier ce syndrome du groupe de la dysplasie luxante de rotule, car des impressions de luxation peuvent faire confondre un syndrome rotulien et une vraie instablité rotulienne : pour autant, le traitement est totalement différent !

 

Quels sont les signes d'appel du syndrome rotulien ?

La douleur est le principal signe, souvent augmentée par la pratique des escaliers, et par la marche en montée

La difficulté (ou la douleur) en station assise prolongée (ou position accroupie), que l'on appelle le signe du cinéma : la flexion importante des genoux au cinéma, ou pendant des trajets longs en voiture, oblige à bouger les genoux sous peine d'avoir mal.

Un gonflement du genou à l’effort (épanchement de synovie)

Le ressenti de pseudo-blocages douloureux : pseudo-blocage, car le blocage vrai qui ne disparaît pas tout seul est plus en rapport avec un problème de ménisque. On peut aussi comparer ces pseudo-blocage avec des accrochages.

Le ressenti de pseudo-luxations : impression de déboitement de genoux.

Le ressenti de craquements, qui peuvent aussi être audibles.

Comment faire le diagnostic de syndrome rotulien ?

Même si les symptômes ressentis peuvent évoquer un syndrome rotulien dès l'interrogatoire, et comme pour tout diagnostic, l'examen clinique reste fondamental.

Les signes d'inspection

Il faut examiner le morphotype des membres inférieurs, c'est-à-dire l'alignement de la jambe et de la cuisse par rapport à un axe vertical.
Un genu valgum ("jambes en X") favorise la survenue d'un syndrome rotulien.

On peut aussi observer un strabisme rotulien divergent ou convergent ("rotules qui louchent" vers l'intérieur ou vers l'extérieur), ou une amyotrophie (surtout du muscle vaste interne, partie interieure du quadriceps)

Les signes de l'examen palpatoire

Recherche d'un choc rotulien

Par recherche de choc rotulien, on entend la recherche d'un épanchement de genou (épanchement de synovie, correspondant à une trop grande quantité de liquide synovial dans le genou).

Ceci traduit l'inflammation (mécanique) du genou.

 

Recherche du signe du rabot

Le signe du rabot se traduit par des grincements (que l'on ressent en mettant la main devant le genou) lorsque l'on bouge doucement et passivement l'articulation.

 

Recherche de la douleur à l'extension contrariée du genou

C'est le signe de Zohlen. Il faut faire attention, car il peut être TRES douloureux.
On demande au patient allongé de lever tout droit son membre inférieur, genou tendu, tout en bloquant le mouvement d'ascension de la rotule. ceci augmente la pression entre fémur et rotule et met en relief l'inflammation si elle existe.

 

Recherche de douleur sous la rotule

L'appui direct sur les versants interne et externe des rotules est très sensible en cas de syndrome rotulien.

Pour palper le début des facettes articulaires de la rotule, il faut pousser un peut la rotule vers l'extérieur ou l'intérieur.

 

Recherche du signe de Smilie

Le signe de Smilie est l'appréhension importante du patient lorsqu'un examinateur pousse sa rotule vers l'extérieur du genou, traduisant la peur de voir la rotule se luxer. Il traduit l'instabilité rotulienne vraie.

 

Recherche d'un hypertonie musculaire

Le principal facteur responsable du syndrome rotulien est la raideur musculaire des chaînes musculaires postérieures et antérieures.
elle s'apprécie en mesurant la distance talon/fesse (pour les chaînes musculaires antérieures) et l'angle poplité (pour les chaînes musculaires postérieures).


Mesure de l'angle poplité (méthode anglo-saxonne) : patient en position allongée, muscles totalement DECONTRACTES, l'examinateur lève doucement la jambe en direction du plafond au maximum des possibilités. L'angle entre cette position maximale d'élévation de la jambe et la verticale représente l'angle poplité.
Plus il est grand, plus le patient est raide.

Recherche du signe de la baïonnette

Le signe de la baïonnette correspond à un défaut d'alignement entre le tendon de la rotule et sa zone d'attache sur le tibia (tubérosité tibiale antérieure).


Le reste de l'examen clinique est NORMAL

Quels examens complémentaires demander devant un syndrome rotulien ?

Le seul examen utile est la radiographie.

Bilan radiologique

Les incidences radiologiques de base sont les suivantes :
Radiographie du genou de face
radiographie du genou de profil strict à 30° de flexion
Incidence fémoro-patellaire à 30° (vue axiale)

Ce bilan radiologique est le plus souvent normal. son rôle est surtout d'éliminer d'autre causes de douleurs (tumeurs).

 

 

Quel est le traitement du syndrome fémoro-patellaire ?

Le repos sportif

Le syndrome rotulien doit être considéré comme une maladie du sport.
Le repos sportif scolaire et extra-scolaire est donc indispensable et non négociable.

Certains sports sont plus agressifs que d'autre pour les rotules : la course à pied, le basket-ball, le football, le hand-ball, le volley-ball,...

Les antalgiques et anti-inflammatoires

La douleur du syndrome rotulien peut être très vive et parfois le repos isolé ne suffit pas à la maîtriser.

Il faut alors diminuer cette douleur de façon médicamenteuse par traitement (oral) antalgique et anti-inflammatoire.

Les pommades en application locale n'ont aucune efficacité.

La kinésithérapie

Elle est fondamentale pour améliorer le travail mécanique du genou.

Elle doit associer différents aspects.

Le travail propioceptif

Il permet au patient de mieux contrôler les mouvements du genou, de lutter contre la peur de la douleur, et de mieux vivre le reste de la rééducation (étirements musculo-tendineux).

Les étirements myo-tendineux chez le kinésithérapeute

Ils représentent la part la plus importante du travail de kinésithérapie.

Il doivent être réalisés de façon régulière, au rythme de 2 séances par semaine, chez le kinésithérapeutre et par le kinésithérapeute (exercices passifs).

En effet, l'intérêt d'aller en cabinet de kinésithérapie est de pouvoir faire les exercices d'étirements à 2 personnes. Les étirements que l'on peut réaliser tout seul (individuels) peuvent être réalisés au domicile !

Ces étirements passifs nécessitent donc la présence et la participation du kinésithérapeute du début à la fin de chaque séance (qui doit durer au moins 30 minutes).

 

Les étirements myo-tendineux à domicile

Le travail d'étirement sera d'autant plus efficace qu'un complément d'étirement par exercices actifs sera réalisé TOUS les SOIRS à domicile, ce qui représente un investissement important, en temps et en motivation.
Réaliser 10 minutes d'exercices chaque soir est un minimum.
Ces exercices individuels doivent être faits de façon efficace, et le kinésithérapeute doit montrer comment les réaliser.

 

Comment éviter la récidive du syndrome rotulien ?

Après guérison, il est possible d'éviter la récidive du syndrome rotulien.

Par l'entretien de la souplesse des membres inférieurs

Pendant la phase de croissance, il est naturel de perdre de la souplesse, surtout par le facteur d'accroissement de longueur des os.

La réalisation régulière d'exercices d'étirement à domicile permet donc d'éviter de perdre le travail réalisé en kinésithérapie. A condition de réaliser régulièrement 2 séances de stretching par semaine.

Par la modification des pratiques sportives

La réalisation d'exercices d'étirements doit encadrer TOUTE activité sportive.

Malheureusement, ceci est rarement enseigné dans le milieu sportif scolaire, et seuls quelques disciplines extra-scolaires appliquent cette procédure avec rigueur (gymnastique, sports de combat, danse classique, hip-hop).

Le sport se réalise idéalement de la façon suivante :

15 minutes d'échauffement SANS JAMAIS COURIR, axé sur le travail articulaire proprioceptif

30 minutes d'étirements activo-dynamiques

la phase sportive proprement dite

15 minutes d'étirements (stretching postural) à la fin de la phase sportive

 

Ceci est valable quel que soit l'âge et quel que soit le sport envisager, même pour la natation, le ski, l'équitation !